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La moyenne des températures mondiales a augmenté ces dernières années, mais pas autant qu’elle aurait du. Et ceci grâce à une série d’éruptions volcaniques de petites et de tailles moyennes qui ont projeté des particules dans la haute atmosphère, bloquant et renvoyant ainsi les rayons du soleil. C’est la conclusion d’une nouvelle étude qui révèle également que les particules microscopiques provenant des cheminées industrielles ont eu peu d’impact dans le refroidissement de la planète.

Image d’entête : une trainée de fumée, preuve d’une éruption “récente” du volcan indonésien Rokatenda. L’image a été obtenue par le satellite Earth Observing-1 (EO-1) de la NASA le 12 février 2013, alors que l’éruption a eu lieu le 2 et 3 février 2013.

Entre 2000 et 2010, la concentration atmosphérique moyenne en dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre qui réchauffe la planète, a augmenté de plus de 5%, passant d’environ 370 parties par million à près de 390 parties par million. Si cette légère hausse a été le seul facteur du changement climatique au cours de la période, la température moyenne mondiale aurait augmenté d’environ 0,2 °C, explique Ryan Neely, un scientifique  météorologue à l’Université du Colorado, Boulder. Mais il note qu’une forte augmentation de la concentration de particules (dans la stratosphère) dispersant la lumière n’aurait compté que pour 25% de cette augmentation potentielle de température.

Selon les données satellitaires, la mesure de la capacité de diffusion de la lumière par les particules stratosphériques, appelées aérosols, a augmenté en moyenne de 4% à 7% par an entre 2000 et 2010. Plus la lumière du soleil entrant est renvoyée dans l’espace, plus fort est l’effet de refroidissement. Mais les chercheurs ont vivement débattu au sujet de la source de ces aérosols. Alors que de nombreuses équipes ont suggéré que les aérosols provenaient de petites et moyennes éruptions volcaniques, d’autres ont proposé qu’ils provenaient des cheminées Asie, une étude que votre Guru vous décrivait en 2011 dans son article : “La pollution industrielle asiatique, aurait-elle ralenti le réchauffement climatique ?”. Leur raison d’être : Les émissions de dioxyde de soufre en Inde et en Chine ont augmenté d’environ 60% au cours de la décennie et la convection atmosphérique, associée à la mousson d’été de la région, a fournit un moyen aux gouttelettes d’eau contenant ce gaz d’atteindre la stratosphère pour être diffusé dans le monde entier.

Aujourd’hui, en utilisant un modèle informatique qui comprend les processus entrainés par la circulation atmosphérique globale et la chimie atmosphérique, Neely et ses collègues montrent que la contribution humaine des aérosols dans la stratosphère était minime entre 2000 et 2010. Dans une série de simulations, les chercheurs ont évalué les effets de toutes les éruptions volcaniques connues, y compris la quantité d’aérosols produits et la hauteur à laquelle ils flottaient, avec les variations mois par mois dans les concentrations de particules.

Selon William Randel, un météorologue du Centre National pour la Recherche Atmosphérique à Boulder (Etats-Unis) :

Le modèle de variations de particules stratosphériques au cours de la dernière décennie montre l’empreinte des volcans, avec les bons épisodes (d’éruptions) se présentant au bon moment. C’est très convaincant pour moi.

Les simulations de l’équipe qui comprenaient les aérosols anthropiques (produits par l’homme) n’ont pas montré de grands changements dans les concentrations stratosphériques. Ce n’est que lorsque le dioxyde de soufre des émissions industrielles a été stimulé à 10 fois la concentration effectivement observée, que les aérosols stratosphériques commencent à se rapprocher des niveaux constatés au cours de la dernière décennie. C’est un signe, dit Neely, que les émissions industrielles ont peu joué le rôle de refroidisseur entre 2000 et 2010.

La taille et la portée de l’effet d’une éruption volcanique sur les aérosols stratosphériques dépendent largement de l’endroit où l’éruption se produit. Le modèle climatique utilisé par Neely et ses collègues est le premier à le simuler avec précision.

Les chercheurs rapportent leur découverte dans la revue Geophysical Research Letters : Recent anthropogenic increases in SO2 from Asia have minimal impact on stratospheric aerosol. Image à partir du Earth Observatory de la NASA.

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