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Goniobranchus tinctorius2

Comme un rituel post-coïtale, il a été décrit par les chercheurs comme “extrêmement étrange", même parmi les comportements souvent surprenants du règne animal. Les scientifiques ont découvert que la vie amoureuse d’une limace de mer implique de grosses concessions physiques, au-delà de juste offrir son cœur.

Le Chromodoris reticulata (Goniobranchus tinctorius), est un type de limace de mer (ou nudibranche) dans les eaux Indo/Ouest-Pacifique. Il ressemble à une pantoufle rouge et blanche, avec deux tentacules sur la tête et un ensemble fleuri de branchies sur son dos. Il est également le seul exemple connu dans le monde à disposer de pénis jetables, qui se détachent à chaque fois qu’il termine l’accouplement. Mais sa vie sexuelle ne prend pas fin sur cette amputation, Il a des pièces de rechange, jusqu’à deux pénis en réserve, enroulés profondément dans son corps.

Comme presque tous les nudibranches, le C.reticulata est un hermaphrodite. Chaque individu est à la fois mâle et femelle. Quand ils ont des rapports sexuels, les deux partenaires se frottent (très très tendrement) les uns aux autres (toujours sur le côté droit) et se pénètrent également les uns les autres en même temps. De loin, cela ressemble à un simple fil blanc qui les unit.

Dans l’image ci-dessous vous pouvez distinguer deux pénis distincts parallèles. Ils remplissent chacun le vagin de l’autre avec le sperme pendant une dizaine de minutes. accouplement-nudibranches

Ayami Sekizawa, de l’Université d’Osaka (Japon), a observé l’accouplement des limaces et elle a remarqué quelque chose de bizarre. Après avoir fini l’accouplement, ils s’enfuient avec leur pénis encore étiré à partir de leur corps. Vingt minutes plus tard, ces parties génitales se détachent complètement.

Cela devrait être une fin assez dramatique pour la vie sexuelle de la limace, mais après une journée, le C.reticulata est prêt à s’accoupler de nouveau. Son secret consiste en un pénis qui est beaucoup plus long qu’il ne le laisse paraitre. Quand il s’accouple, il déploie environ un centimètre de pénis, mais l’organe entier fait trois centimètres de long. Le reste est enroulé à l’intérieur de l’animal. Chaque segment peut être jetable, et le C.reticulata en a trois.

Les cellules de la partie enroulée sont différentes de celles de la partie déroulée, ce qui suggère que ces remplacements doivent subir quelques modifications avant qu’ils puissent être déployés. Il faut une journée pour que cela se produise. Si Sekizawa permettait à un animal, qui s’est récemment accouplé, d’avoir des relations sexuelles avec un congénère qui avaient été maintenues en isolement, la première limace n’avait pas de pénis à offrir et l’activité sexuelle était purement unilatérale.

Les nudibranches ont deux sachets qui se divisent à partir de leur vagin dans lesquels ils peuvent stocker le sperme. Quand un mâle a des relations sexuelles avec une femelle, il n’y a aucune garantie que son sperme féconde ses œufs. Elle pourrait les digérer. Ou alors, ils pourraient être rincés ou éjectés par le pénis d’un autre mâle. En effet, lorsque Sekizawa a observé les pénis détachés sous un microscope, elle a trouvé qu’ils étaient couverts par de nombreuses épines orientées vers l’extérieur , qui avait bloqué de nombreux spermatozoïdes.

Ci-dessous (tirées de l’étude) : à gauche, les épines sur un pénis des nudibranches. A droite, du sperme empêtré dans les épines.

accouplement-nudibranches2
Ces caractéristiques, la transformation du pénis spiralé et les épines pointant vers l’arrière, peuvent fournir la réponse à la question la plus évidente : pourquoi s’amputer le pénis ? Sekizawa pense qu’il est trop difficile pour l’animal de rétracter un pénis utilisé et il est obligé de se débarrasser de l’organe. Une fois que les trois segments ont été utilisés, les pénis finiront par repousser bien que Sekizawa ne sache pas combien de temps cela peut prendre.

L’amputation du pénis se produit dans d’autres branches du règne animal. Par exemple, le Guru vous a décrit la méthode d’une araignée dont les mâles laissent leur pénis coupé à l’intérieur de leurs partenaires, pour les féconder de loin et devenir de meilleurs combattants dans le processus.

L’étude publiée sur Biology Letters : Disposable penis and its replenishment in a simultaneous hermaphrodite.

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