Sélectionner une page

nuages-bactéries

Bon, mis à part quelques volatiles et les paréidolies suscitées par la forme des nuages, vous pourriez pensez que le ciel est vide de vie… ce qui est faux ! Il y a, et le Guru vous en avait déjà parlé, énormément d’insectes au-dessus de nos têtes à de très hautes altitudes et pas forcément ceux auxquels vous pensez… et pour couronner le tout, il y a les nuages qui transporteraient et seraient manipuler par des bactéries…

Parmi ces microbes des nuages, il y en a qui attendent tout simplement leur heure, en espérant un retour sur la terre ferme, d’autres vaquent activement à leurs occupations malgré leur environnement peu orthodoxe. Ce n’est pas un mince exploit compte tenu des conditions : il fait extrêmement froid, le rayonnement UV est intense et les minuscules gouttelettes d’eau qui se trouvent le plus souvent à l’intérieur sont acides et chimiquement caustiques.

Pourtant, des expériences ont montré que des bactéries semblent y être actives et leur activité influence le comportement du nuage. Des réactions chimiques sont en cours dans l’eau des nuages ​​qui modifient la façon dont elle se forme et se comporte. De très petites particules dans l’atmosphère servent de "noyaux de condensation”, les précurseurs/ semences qui peuvent faciliter la formation des gouttelettes qui forment les nuages ​​visibles. Au sein de ces minuscules sphères d’eau, des substances dissoutes peuvent interagir et affecter les propriétés physiques de la goutte, de la façon dont elle reflète la lumière à la probabilité que ses gouttelettes se développent suffisamment pour provoquer une précipitation. Les réactions peuvent également former de nouvelles particules qui ont la capacité d’agir comme des noyaux de condensation si la goutte s’évapore au lieu de tomber sur la Terre.

De précédentes recherches ont montré que des bactéries (qui peuvent servir de noyaux de condensation) dans l’eau des nuages ​​sont capables de prendre part à la chimie, malgré le froid et le rayonnement ultraviolet. Toutefois, les expériences faites à ce jour ont laissé de coté un ingrédient important dans le rude cocktail de l’eau des nuages : le peroxyde d’hydrogène et les radicaux hydroxyles produits par la lumière UV. Ces produits chimiques sont toxiques pour les cellules.

Pour passer à l’étape suivante, un groupe de chercheurs français (Université de Clermont-Ferrand) a prélevé des échantillons d’eau des nuages ​​au sommet du puy de Dôme, un pic volcanique au centre de la France. La moitié des échantillons ont été filtrés pour éliminer les organismes, pour servir de base de comparaison. Certains de ces échantillons ont été exposés à la lumière ultraviolette (pour conduire à la création de radicaux libres) et les autres ont été maintenus dans l’obscurité.

La chimie de l’eau a été analysée toutes les 12 heures pendant une semaine. Les mesures de l’ATP et de l’ADP, les composantes du cycle de l’énergie métabolique des bactéries, ont montré que les organismes étaient en effet bel et bien vivants tout au long de la semaine, malgré le milieu caustique.

Dans tous les échantillons, le peroxyde d’hydrogène a diminué au fil du temps. (Même sans lumière ultraviolette pour le diviser, le peroxyde d’hydrogène réagit avec d’autres composés.) Cependant, il était clair que les bactéries ont décomposé une quantité importante de peroxyde d’hydrogène. C’est probablement une sorte de mécanisme d’adaptation, les cellules chimiquement stressées produisent une enzyme qui aide à neutraliser les oxydants comme le peroxyde d’hydrogène et les radicaux hydroxyles.

Des composés organiques apparaissent également dans ces gouttelettes, mais les bactéries apparaissent comme étant le facteur dominant derrière la décomposition. Pour la plupart de ces produits chimiques, la présence de lumière ultraviolette (et, par conséquent, des radicaux hydroxyles) ne nuisait pas à leur stabilité. Ils ne diminuaient que quand il y avait des bactéries autour. Qui plus est, le peroxyde d’hydrogène et les radicaux hydroxyles ne les ont pas ralentis.

Voilà ! Il y a probablement des bactéries en activité dans les nuages. Et elles ont un effet significatif sur la chimie de l’eau des nuages. Elles contrôlent la concentration de radicaux hydroxyles et la formation de particules qui pourraient être de futurs noyaux de condensation (ce qui rendrait les nuages ​plus réfléchissants et moins susceptibles de générer des précipitations). Afin de bien comprendre le comportement des nuages, les chercheurs vont devoir faire attention aux microbes aéroportés qui vivotent à 1500 mètres d’altitude.

L’étude (Institut de Chimie, Observatoire de Physique du Globe,Centre National de la Recherche Scientifique : Université de Clermont-Ferrand)   publiée sur PNAS :  Potential impact of microbial activity on the oxidant capacity and organic carbon budget in clouds.

Pin It on Pinterest

Share This