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Voici une intéressante et séduisante étude qui arrive à croiser un élément culturel avec la science et avec la mode. Les talons hauts : Certaines femmes les détestent, certaines femmes les aiment. Beaucoup d’hommes les aiment aussi, d’ailleurs. Y a-t-il quelque chose dans le port des talons hauts qui aurait une incidence sur la démarche d’une femme et sa posture qui accentuerait ainsi des indices biologiques concernant son attractivité ? Une équipe de chercheurs du département psychologie de l’Université de Portsmouth (Angleterre) a tenté de le déterminer.

Ils ont demandé à 12 femmes de marcher sur un tapis roulant, au même rythme, avec des chaussures plates et à talons de 6 cm (la norme). Toutes les femmes étaient habituées à marcher en talons et en portaient au moins une fois par semaine. Leurs mouvements d’épaules, de hanches et des jambes ont été représentés sur un plan par des points de lumière. Cela a permis ensuite d’observer la façon avec laquelle les femmes se sont “biomécaniquement” déplacées sans inclure leur apparence, mais juste en regardant le mouvement des points de lumière.

Le résultat : pas-talons-haut1 
Ensuite, les chercheurs ont demandé à 120 personnes (dont la plupart étaient des femmes) de juger les démarches. On leur a demandé de les noter sur l’attractivité, de deviner quel âge elles/ils avaient et de déterminer s’ils étaient de sexe masculin ou féminin (question piège). Les auteurs ont également analysé l’effet des talons sur la démarche. 

Ils ont trouvé que les talons modifiaient considérablement la démarche d’une femme, comme l’on peut s’y attendre lorsque vous placer quelqu’un en équilibre sur leurs orteils pour leur dire de marcher. Les talons raccourcissent la longueur de la foulée et entrainent donc davantage de pas pour une même distance. Ils ont également montré une forte augmentation dans la bascule du bassin et la rotation de la hanche… Mais ils ont également montré une forte augmentation de l’attractivité.

Les randonneuses en chaussures plates étaient aussi plus susceptibles d’être confondues avec des hommes. Les auteurs concluent que les talons produisent une démarche qui est “caractéristiques de la marche des femmes", et que les femmes portent des talons pour augmenter leur attractivité. Fait intéressant, les femmes qui ont jugé les démarches ont trouvé que les porteuses de talons étaient plus attrayantes que la démarche qu’elles avaient estimé être celles d’hommes. Mais les auteurs n’ont trouvé aucune corrélation entre les changements biomécaniques produits par les talons et l’augmentation de la note d’attractivité.

Ils ont conclu que les femmes ont une démarche plus sexy en talons et que cela signifie que la fonction des talons est celle d’un “super-stimulus", par la suraccentuation des caractères sexuels secondaires (comme le balancement de la hanche) qui sont donc sexuellement attirants. Ils comparent ensuite un modèle d’une marque très connu aux gonflements des postérieurs rouges de babouins en chaleur (c’est juste un exemple de stimulus).

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Charmant n’est ce pas !

Ils suggèrent également que, parce que les talons hauts ont perduré dans le temps (au cours des 5 derniers siècles, parce celui que nous connaissons n’existait pas avant cette date), ils dépassent les tendances de la mode, car ils mettent l’accent sur les séduisantes caractéristiques du corps de la gente féminine.

Mais, comme les auteurs de ce document le font remarquer, les talons ont une histoire mChopinesais qui n’est pas aussi séduisante. Au Moyen Âge, les hommes et les femmes portaient des chaussures plates-formes, appelées chopines (ci-contre), qui étaient attachées à des chaussures normales et utilisées pour se placer au-dessus des déchets humains qui jonchaient les rues. Ces chopines pouvaient atteindre les 75 cm de hauteur. La popularité des talons revient le plus à Catherine de Médicis. Elle n’était pas plus sexy, mais elle paraissait plus grande et ils sont vite devenus un symbole de statut (rang social). Au cours des 17e et 18e siècles, les talons étaient portés par les femmes et les hommes : par celles-ci pour paraitre plus grande et leur donner une délicate démarche (même si l’utilisation d’une canne était nécessaire avec les talons originaux), et par les hommes pour également augmenter leur hauteur et pour dévoiler et rendre leurs mollets extrêmement séduisants…

Les talons hauts ne placent pas directement le corps de la femme (et peut-être de l’homme) à son avantage. Ils font perdre l’équilibre, ce qui oblige les femmes à faire ressortir les fesses et à placer le buste et donc les seins en avant. Donc l’idée que porter des talons n’est pas une mauvaise stratégie d’accouplement sexuel , et l’idée que les talons pourraient servir de stimulus supranormal pour signaler le sex-appeal est certainement une bonne question. Mais c’est une question à laquelle le présent document ne peut pas vraiment répondre. Il y a trop d’éléments culturels à prendre en compte. Le côté sexy des talons hauts est associé culturellement à notre société et il y a tant d’histoire qui s’y rattache.

Les auteurs ont noté toutes ces limitations. Ils sont très prudents dans leur discussion pour inclure les nombreux facteurs culturels, en précisant que leur étude est un exemple de confluence entre culture et évolution. Ils ne prétendent pas directement que les talons rendent les femmes plus séduisantes. En d’autres termes, comme le soulignent les auteurs, cette étude ne peut pas séparer ce qui est vraiment biologiquement "beau", d’un comportement culturellement acquis.

L’étude publiée sur le journal Evolution and Human Behavior : High heels as supernormal stimuli: How wearing high heels affects judgements of female attractiveness.

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