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L’absence peut en dire long. L’absence de sédiments dans un morceau de terrain plat, une piste peut témoigner d’un dinosaure qui l’aurait un jour foulée. L’absence de minéraux dans une coquille solide, un trou, peut révéler la présence du parasite qui était un jour logé à l’intèrieur. Peut-être, comme votre vieux Guru, avez-vous remarqué ces petits trous dans de très vieux meubles ou livres. Les musées du monde regorgent de ces “traces fossiles”, mais aussi bon nombre de galeries d’art.

Blair Hedges, un biologiste évolutionniste à l’Université Penn State (Pennsylvanie), est aussi un collectionneur d’art de la Renaissance. Pendant des années, il s’est interrogé sur les “trous de ver”, les minuscules trous laissés par des coléoptères dans des blocs de bois, utilisés pour effectuer des impressions, à quelles espèces ils appartenaient et comment étaient-ils arrivés ici.

Le Dr Hedges a donc fait une étude des gravures couvrant la période de 1462 à 1899 et a déterminé que les trous de ver racontent une histoire à propos de la répartition géographique de ces coléoptères en Europe. “Les empreintes indiquaient le lieu et la date de publication” selon le Dr Hedges, qui rend compte de ses conclusions dans une étude (lien plus bas). Pour lui, “c’est le fossile idéal”.

Les coléoptères adultes pondent leurs œufs dans les fissures et les crevasses des troncs d’arbres. Lentement, les larves creusent leur chemin à travers le bois, deviennent adultes et dévorent leur trajet de retour vers l’extérieur. Les artistes (humains) qui ont transformé les troncs d’arbres en blocs d’impression ont également hérité des trous de sortie des coléoptères adultes, qui ont laissé des petits cercles vides et blancs dans certains vieux livres, lorsque vous appuyez sur les pages, ou des petits trous dans le bois.

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En 2006, le Dr Hedges a créé une méthode statistique pour la datation des gravures et des livres en étudiant les empreintes des fissures dans les impressions réalisées à partir de blocs de bois. C’est à ce moment-là qu’il a d’abord remarqué les trous de ver.

Il a mesuré plus de 3000 trous de ver dans les gravures. Il s’est avéré que les impressions du nord de l’Europe avaient des galeries de ver d’environ 1,27 mm de large, probablement causées par la petite vrillette (Anobium punctatum en image ci-dessous) sensible aux grosses chaleur et au manque d’humidité, les impressions du sud ètaient marquées de cercles plus larges, de 2,3 mm de large, probablement creusés par la vrillette Méditerranéenne (Oligomerus ptilinoides).

Pendant 500 ans, les deux espèces ne se chevauchent pas, selon lui. Aujourd’hui, les deux espèces se trouvent dans le nord et le sud de l’Europe. Ces deux espèces se seraient donc adaptées pour dominer un territoire plus large.

L’étude de Blair Hedges publiée dans le journal Biology Letters : Wormholes record species history in space and time. Le biologiste dispose également d’un site où il décrit ses recherches enluminées d’arts : Hedges Lab.

Et pour la petite anecdote, il existe aussi la grosse vrillette qui faisait également de gros trous dans le bois. Elle est aussi appelée l’horloge de la mort, car, cachés dans le bois, les mâles essayent d’attirer les femelles en donnant des cous de tête dans celui-ci. Le son mystérieux et semblant provenir de nulle part, faisait frémir (de peur) les humains.

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