Comment les cellules cancéreuses du rat-taupe se suicident.
Les rats-taupes aveugles n’ont pas le cancer, et les généticiens ont cherché à savoir pourquoi : leurs cellules se suicident avec une protéine toxique quand elles se multiplient trop.
Les rats-taupes, qui vivent dans des terriers à travers l’Afrique australe et orientale et au Moyen-Orient, sont des créatures fascinantes. Le rat-taupe nu, en particulier, est le seul mammifère à sang froid connus de l’homme, à ne pas ressentir la douleur et il est aussi sans doute le seul mammifère (avec le rat-taupe de Damaraland) à vivre en eusocialité : ils vivent dans grandes communautés hiérarchiques avec une reine et des ouvrières, comme les fourmis ou les abeilles.
Ils sont également à l’épreuve du cancer, grâce à un gène qui a été trouvé en 2011 et qui empêche les cellules cancéreuses de se former. La même équipe a pensé que les deux autres espèces de rats taupe qui, aussi, ne développent pas de cancer pourraient avoir des gènes similaires, mais il s’avère qu’ils développent des cellules cancéreuses. C’est juste que ces cellules sont programmées pour s’autodétruire si elles deviennent dangereuses.
Les deux espèces étudiées par Vera Gorbunova et son équipe de l’Université de Rochester (New York) sont le rat-taupe aveugle des montagnes de Judée (Spalax Judaei) et le rat-taupe aveugle du plateau du Golan (Spalax Golani), qui vivent donc dans de petites régions d’Israël. L’équipe a récupéré quelques cellules des rongeurs pour les mettre en culture ce qui les forcerait à se multiplier au-delà de ce qui se passerait au sein des organes des animaux. Pour les sept à 20 premières multiplications, les choses se passaient bien, mais au-delà de 20 multiplications les cellules ont commencé à mourir rapidement.
Rat-taupe aveugle :
L’examen des cellules, alors qu’elles mourraient, a révélé qu’elles avaient commencé à produire une protéine, l’IFN-β, qui a engendré “la mort massive de cellules nécrotiques en trois jours ». En effet, une fois que les cellules ont détecté qu’elles s’étaient multipliées au-delà d’un certain point, elles se sont suicidées.
Cela contraste avec la méthode d’autopréservation observée dans les cellules des rats-taupes nus, qui ont une hypersensibilité à la surpopulation, ce qui les empêche de trop se multiplier. Dans son étude (lien plus bas), Gorbunova émet l’hypothèse que l’habitat unique (presque entièrement souterraine ) des rats-taupes aveugles, peut signifier “qu’ils pourraient peut-être lui permettre de faire évoluer une longue durée de vie, ce qui comprend l’élaboration de défenses anticancéreuses efficaces ». Les rats-taupes aveugles ont des durées de vie extrêmement longues, par rapport aux normes des rongeurs, en vivant souvent au-delà de 20 ans.
Cependant, cela reste encore hypothétique, étant donné que le mécanisme précis qui déclenche la production de l’IFN-β reste inconnue à ce jour. L’espoir est que cette recherche pourrait mener à de nouveaux traitements pour le cancer chez les humains.
L’étude publiée sur Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) : Cancer resistance in the blind mole rat is mediated by concerted necrotic cell death mechanism.
Je n’aime pas cet animal et puis sa me fait un peu bizarre de le toucher.