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Les biologistes évolutionnistes ont théorisé, depuis quelque temps maintenant, que les grands-mères seraient responsables de notre espérance de vie relativement longue. L’idée est que, en vertu des soins apportés par les grands-mères à leurs petits-enfants, leur filles étaient plus libres d’avoir une plus grande descendance. Par conséquent, les pressions de la sélection naturelle ont favorisé les nouveaux humains à disposer d’une plus longue vie, un trait qui s’est transmis de génération en génération.

Tout cela sonnait bien sur le papier, mais il y en avait aucune preuve. Jusqu’à présent.

La longévité postménopausique a déconcerté les biologistes pendant des décennies. Théoriquement, le fait de vivre au-delà de l’âge auquel les femmes peuvent avoir des enfants n’avait pas beaucoup de sens du point de vue de l’évolution. Par conséquent, il devait y avoir une explication sur la raison pour laquelle les humaines vivent bien après leur “date d’expiration reproductive”. C’est pourquoi “l’hypothèse de la grand-mère" était un domaine particulièrement intéressant à étudier. Elle suggère essentiellement que les mamies “subventionnent” la fertilité de leurs filles quand elles prennent soin de leurs petits-enfants.

Pour le prouver, ou démontrer au moins que la théorie se tient mathématiquement parlant, l’anthropologue Kristen Hawkes de l’Université d’Utah s’est tourné vers la puissance des simulations informatiques. Elle a commencé avec l’hypothèse que les premiers humains ont eu la même durée de vie que les chimpanzés (environ 30-40 ans), mais elle ajoute des variables telles que l’âge auquel une grand-mère pourrait commencer à prendre soin de ses petits-enfants, le taux de reproduction qui en résulte, les taux de mutation et ainsi de suite.

Après avoir appuyé sur le bouton de validation pour laisser le processus se dérouler de génération en génération, la simulation de Hawkes a montré que les simulations de proto-humains sont passées d’une durée de vie de chimpanzé à une durée de vie humaine en moins de 60 000 ans. Plus précisément, ses modèles ont révélé que la présence des grands-mères, avec leur prestation de soins, a fourni 49 autres années de vie après l’âge adulte (ce qui contraste avec les 25 ans trouvés chez les chimpanzés). Et en fait, en fonction des variables, cela aurait pu prendre que 24 000 ans.

En d’autres termes, le modèle de Hawkes a démontré que la présence des grands-mères a doublé l’espérance de vie de l’humain adulte, sur une période de temps relativement courte (essentiellement, quelques milliers de générations).

Et en termes de variables, Hawkes s’est placée du côté de la prudence en minimisant le plus possible les différents effets intervenant dans le processus. Par exemple, elle suppose qu’une femme ne pouvait pas être une grand-mère avant l’âge de 45 ans ou après 75 ans, qu’elle ne pouvait pas s’occuper de l’enfant avant qu’il ait 2 ans et qu’elle ne pouvait prendre soin que d’un enfant à la fois (mais ils n’avaient pas besoin d’être ses propres petits-enfants). La simulation suppose également que les nouveau-nés étaient susceptibles, dans 5% des cas, de développer une mutation génétique qui pouvait conduire à une plus ou moins longue durée de vie, un chiffre qui a été obtenu à partir de recherches antérieures.

En outre, le modèle a commencé avec l’hypothèse que seulement 1% des femmes ont pu atteindre le stade de grand-mère. Mais comme la simulation l’a montré, il n’a fallu que 24 000 à 60 000 ans pour que les simulateurs atteignent une durée de vie comparable à l’homme chasseurs-cueilleurs (dont environ 43% des femmes adultes sont grands-mères).

Il est intéressant de noter que, pour des raisons de rigueur scientifique, Hawkes a également pris en compte la durée de vie masculine. Plus précisément, elle a dû émettre quelques hypothèses sur les coûts énergétiques imposés aux hommes en raison de la longévité accrue. Les mâles ont eu à mettre plus d’énergie dans le maintien de leur métabolisme face à cette nouvelle longévité, donc Hawkes soupçonne qu’ils mettent moins d’effort dans la concurrence avec d’autres hommes par rapport aux femmes au début de l’âge adulte. À cette fin, elle a testé trois différents degrés de compétition qu’entreprenaient les hommes pendant la phase de reproduction.

L’étude de Hawkes a également exclu les hypothèses sur la taille du cerveau, l’apprentissage ou les liens du couple, montrant que ces variables n’étaient pas requis pour produire un effet de prolongement de la vie.

L’étude publiée sur le journal Proceedings of the Royal Society B : Increased longevity evolves from grandmothering.

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