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Vampyroteuthis infernalis3

Les biologistes marins ont finalement résolu le mystère du vampire des abysses, plus précisément de son mode d’alimentation, à savoir une délicieuse recette de cadavres et d’excréments arrosés de son propre mucus.

Avec un nom comme Vampyroteuthis infernalis (ce qui signifie, littéralement le calmar de l’enfer), ce céphalopode solitaire ne devait avoir qu’un régime digne de ce nom. Résidant à près de 900 mètres de profondeur dans les eaux chaudes où il y a peu d’oxygène, pour atteindre une taille de seulement 13 cm à l’âge adulte, la vie du céphalopode vampire est solitaire, il a même son propre ordre taxonomique (Vampyromorphida), dont il est le seul membre, étant une race rare qui possède des caractéristiques, à la fois, de la pieuvre et du calmar.

Son nom, cependant, est trompeur, selon une étude réalisée par Hendrik Hoving et Bruce Robison du Monterrey Bay Aquarium Research Institute. Leurs résultats, publiés cette semaine (lien plus bas), montrent que l’inhabituel céphalopode tire assez habilement profit de son environnement, où il y a peu de concurrence pour la nourriture ou de menace de prédateurs.

Selon l’étude :

Le comportement alimentaire du Vampyroteuthis ne ressemble à aucun autre céphalopode. (Il) révèle d’une adaptation unique qui permet à ces animaux de passer la plupart de leur vie à des profondeurs où les concentrations d’oxygène sont très faibles, mais où les prédateurs sont peu nombreux et la typique nourriture pour céphalopodes est rare.

Le calmar vampire se nourrit donc uniquement à partir de la ”neige marine”, les détritus organiques qui tombent au fond de l’océan, mais pas des créatures vivantes.

Les biologistes marins n’ont jamais été en mesure de le prouver, les contenus stomacaux des céphalopodes trouvés et disséqués n’ont pas été concluants. Hoving et Robison ont prouvé la théorie, non seulement en examinant le contenu de l’estomac de céphalopodes vivants en provenance de la Californie du Sud et du Mexique, mais aussi en filmant les spécimens dans leur habitat naturel, en utilisant des véhicules télécommandés et en les étudiant dans des réservoirs en laboratoire. Lorsque les détritus constitués de particules d’origines animales ont été plongés dans les réservoirs, les scientifiques ont constaté que les céphalopodes étendent un fin et long filament de leur bouche en forme de parapluie qui contient un réseau de huit bras couverts de ventouses et d’épines appelées cirres. Ce filament (qui s’étend sur huit fois la longueur du corps) se colle aux débris organiques, puis est ramené à travers la toile de bras, où les particules comestibles sont "nettoyées" et couvertes de mucus sécrété par rejets. Cette combinaison de mucus et de débris est ensuite placée dans la bouche en utilisant les cirres et consommée.

Vampyroteuthis infernalis1

Selon l’étude :

Les produits alimentaires que nous avons trouvés dans le tractus digestif, dans les fientes et les régurgitations et que nous avons vu consommés au cours des observations in situ, ne sont pas représentatifs des proies vivantes capturées. Au lieu de cela, la nourriture des Vampyroteuthis se composait de morceaux de copépodes agglomérés, de boulettes fécales , de diatomées, de radiolaires et d’écailles de poisson, souvent noyés dans une matrice de mucus. La source la plus probable de ce mélange éclectique provient des agrégats de neige marine, y compris des structures de larvacés.

Ainsi, il s’avère que le céphalopode furtif, qui utilise son grand œil de 2,5 cm pour détecter sa nourriture, se drape dans son “parapluie” bioluminescent qu’il retourne sur lui-même pour cacher sa silhouette contre les prédateurs et utilise ses filaments en toute sécurité pour extraire la neige marine à distance, a eu une très mauvaise réputation pendant toutes ces années, alors qu’il est peut-être le seul céphalopode à ne pas manger de proies vivantes. Il ne devrait plus être considéré comme un vampire, mais plutôt comme un détritivore : une créature qui se nourrit de corps en décomposition et des matières fécales.
Vidéo appartenant à l’étude, du Vampyroteuthis infernalis dans son milieu naturel (Monterrey Bay Aquarium Research Institute).

L’étude publiée sur RSPB : Vampire squid: detritivores in the oxygen minimum zone, l’annonce de la découverte sur le site du Monterrey Bay Aquarium Research Institute : Understanding human threats to the Earth’s largest habitat—the deep sea.

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