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Guam n’est plus le genre d’iles paradisiaque où vous aimeriez vous perdre…

Guam1Tout commence dans les années 40, quand de très envahissants serpents des arbres (Boiga irregularis) ont été accidentellement introduits sur l’ile de Guam. En l’espace de quatre décennies, ces serpents ont anéanti 10 des 12 espèces d’oiseaux indigènes, les deux espèces survivantes contraintes de vivre dans de petites zones, protégées par des pièges de serpent. Le résultat : une ile sans oiseaux et une multiplication par 40 de la population d’araignée de l’ile.

Image d’entête : un petit montage réalisé par votre Guru de gauche à droite des espèces vivantes sur Guam : Boiga irregularis, Bubulcus ibis et une araignée du genre argiope.

Et comme une récente expédition de recherches l’a révélé, les araignées ont envahi l’ile, un effrayant exemple de ce qui peut arriver quand un prédateur crucial est retiré d’un écosystème.Boiga irregularis2

La recherche a été menée par des biologistes de l’Université Rice, de l’Université de Washington et de l’Université de Guam, qui ont été parmi les premiers à étudier comment la disparition des oiseaux forestiers eut un impact sur l’écosystème de l’ile. Sans les oiseaux insectivores pour s’occuper des araignées, les arachnides ont largement pris la place.

Et comme le chercheur principal, Haldre Rogers, l’a observé (lien plus bas), les toiles d’araignées sont en effet devenues une caractéristique omniprésente de la canopée, son équipe devait tenir des bâtons pour constamment balayer les toiles alors qu’ils se frayaient un chemin à travers la jungle. En faite cela faisait en même temps parti du travail effectué pour l’étude : en comptant chaque toile d’araignée à la fois sur Guam et les iles voisines de la chaine des iles Mariannes, les chercheurs ont pu se faire une idée de ce qui s’est passé sur l’ile, par rapport aux autres endroits où le serpent des arbres (Boiga irregularis) n’a pas encore fait son apparition.

toiles-araignées-orb-Guam

Et pour ce faire, Rogers et son équipe ont parcouru l’ile infestée d’araignées pendant 4 mois, à compter toiles.

Même si les évènements prennent une tournure inquiétante, au moins Guam se révèle être une “expérience naturelle” assez remarquable pour les chercheurs. Normalement, vous avez à construire une grande clôture extérieure, pour simuler ce type d’effet. Mais Guam offre aux scientifiques un unique exemple concret d’un écosystème qui a mal tourné, le résultat d’une perturbation involontaire à grande échelle d’un système naturel.

Ils ont découvert que, en fonction de l’emplacement, Guam contient de 2 à 40 fois le nombre normal d’araignées. Leur recherche montre à quel point les oiseaux insectivores peuvent être primordiaux pour un écosystème. Ils s’inquiètent (et prévoient) que d’autres endroits, où des oiseaux insectivores disparaissent, pourraient voir une augmentation similaire dans les populations d’araignées.

Leur étude se termine de manière inquiétante :

Si la population d’oiseaux insectivores continue à baisser, nous allons probablement vivre dans un monde plus largement dominé par les araignées dans le futur.

À Guam, le serpent des arbres est si problématique que les États-Unis dépensent plus de 1 million de dollars chaque année pour être sûr que les avions et toutes les cargaisons ne transportent pas de serpents, quand ils quittent le territoire américain. De plus chasser les serpents reste une activité très compliquée, car ce sont d’insaisissables prédateurs nocturnes.

À l’avenir, les chercheurs continueront d’étudier l’ile, en accordant une attention particulière sur l’augmentation de sa population d’araignée.

L’étude librement consultable sur PlosOne : ‘Natural experiment’ Demonstrates Top-Down Control of Spiders by Birds on a Landscape Level.

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