Sélectionner une page

jabba-le-hutt3

Très récemment, l’extrapolation scientifique d’une vie extraterrestre, nous amenait à découvrir qu’elle pouvait revêtir la forme d’une méduse géante, mais si des vers, similaires à ceux de la Terre, vivaient dans l’espace, peut-être seraient-ils aussi âgés (et répugnants) que Jabba le hutt (en entête bien sûr)…

Nous savons, par l’intermédiaire des astronautes qui ont passé quelques périodes prolongées dans l’espace, que la gravité zéro affaibli le corps et atrophie les muscles (ou alors c’est l’alcoolisme). Bon il y a aussi : l’espace rend aveugle, qu’il ne faut pas compter s’y reproduire, sans parler des conséquences psychologiques… Mais si nous étions des vers, l’espace pourrait être bon pour nous.

Seules quatre personnes, tous les cosmonautes de Soyouz à la fin des années 80 et au début des années 90, ont passé une année entière, en permanence dans l’espace. Techniquement, Vladimir Titov et Musa Manarov n’ont passé que 364,9 jours dans l’espace et Sergei Krikalev, le détenteur du record, a dépensé environ 2,2 ans de son temps dans l’espace au cours de six vols spatiaux. Ce sont-là quelques impressionnants pèlerinages et plus de temps qu’il n’en faut pour constater avec quelle facilité les muscles peuvent s’atrophier et les os se détériorer, parmi un tas d’autres graves effets secondaires, après un temps prolongé passé en apesanteur.

Une nouvelle étude, dirigée par le Dr Nathaniel Szewczyk de l’Université de Nottingham (lien plus bas), ne réfute aucunement tout cela, mais elle offre une intrigante complication avec un potentiel. Lui et ses collègues chercheurs ont constaté que, dans les vers emmenés à la Station Spatiale Internationale, les voyages spatiaux entrainent une diminution de l’expression de certains gènes par rapport à ce qu’elles seraient sur la Terre. De plus, des protéines toxiques, qui s’accumulent normalement dans les muscles, sont en grande partie supprimées dans l’espace. Lorsque le Dr Szewczyk a répliqué ces changements dans l’expression des gènes du ver, Caenorhabditis elegans (en photo ci-dessous), une espèce fréquemment utilisée pour la recherche lors des voyages dans l’espace car ils souffrent, de manière étonnamment semblable à l’être humain, d’atrophie musculaire, les vers de laboratoire ont commencé à vivre plus longtemps.

Ci-dessous : le vers Caenorhabditis elegans, encore bien loin de ressembler à Jabba le hutt, mais méfions nous quand même !

Caenorhabditis elegans
Bien sûr, nous ne devrions pas trop nous projeter. Observer un effet chez ces vers, dans des conditions de laboratoire, est très différente d’observer la même chose chez l’homme dans l’espace. En outre, l’équipe n’est pas encore totalement sûr de ce qui cause cet effet de longévité. Mais le Dr Szewczyk a quelques idées et il y a de bonne chance pour que l’homme profite aussi de cet élan dans la vie, comme il l’explique dans une récente déclaration :

Nous avons identifié sept gènes, dont la régulation était affaiblie dans l’espace et dont l’inactivation a prolongée leur durée de vie en laboratoire… Nous ne sommes pas tout à fait certain, mais il semblerait que ces gènes sont impliqués dans la façon dont les vers ressentent les changements dans leur environnement et les signalent dans leur métabolisme pour s’adapter à l’environnement. Par exemple, l’un des gènes que nous avons identifiés code l’insuline qui, à cause du diabète, est bien connue pour être associée au contrôle métabolique. Chez les vers, les mouches et les souris, l’insuline est également associée à la modulation de la durée de vie.

Quant à ce que cela signifie, pour les astronautes et les futurs voyageurs de l’espace, le Dr Szewcyzk ne pouvait que spéculer :

Nous savons que le muscle tend à s’atrophier dans l’espace. Ces derniers résultats suggèrent que c’est certainement une réponse adaptative, plutôt que pathologique. Contre-intuitivement, les muscles dans l’espace peuvent mieux vieillir que sur Terre. Il se peut aussi que les vols spatiaux ralentissent le processus de vieillissement.

Encore une fois, il est difficile d’évaluer ces effets chez l’être humain. Même en admettant que ces processus métaboliques chez les vers puissent fonctionner de la même façon pour nous, les vols spatiaux ont la malheureuse réputation de causer de sérieux problèmes avec le système immunitaire et cardiovasculaire, qui sont évidemment extrêmement important. Et pour tout vol spatial en dehors de la proximité immédiate de la Terre, il y a la question dérangeante du rayonnement cosmique, les effets nocifs qui pourraient très facilement prendre le pas sur ce ralentissement du processus de vieillissement. Mais, en admettant que nous surpassions tous ces problèmes, ce ralentissement pourrait permettre des voyages extrêmement long vers d’autres étoiles, l’espace lui-même pourrait conserver les explorateurs en vie assez longtemps pour atteindre leur destination…

Sur le site de l’université de Nottingham : Spaceflight may extend the lifespan of microscopic worm et l’étude publiée sur Scientific Reports : Genes down-regulated in spaceflight are involved in the control of longevity in Caenorhabditis elegans.

Pin It on Pinterest

Share This