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HLA-A2

Par l’intermédiaire d’une nouvelle recherche, nous allons appréhender ensemble une partie du fonctionnement de notre système immunitaire et comment quelques petites molécules peuvent l’altérer.

Une grande partie du travail du système immunitaire est de distinguer le “soi” du “non-soi", celui-ci pouvant être nocif, le plus ancien, probablement pas. Afin d’aider le système immunitaire à effectuer cette discrimination, les cellules découpent un sous-ensemble de leurs protéines et affichent les fragments à leur surface pour ensuite être inspectées par les cellules immunitaires. Si la cellule a été infectée par un agent pathogène, ces cellules vont reconnaitre un fragment de protéine de l’envahisseur comme “non-soi” et entamer une réponse immunitaire.

Image d’entête : représentation de l’HLA-A2 (antigène des leucocytes humains A2), université de Californie.

Les cellules utilisent les protéines qui agissent en tant que titulaires dédiés pour afficher les fragments de protéines à leur surface, appelés antigènes HLA (antigènes des leucocytes humains). Malheureusement, quand les choses vont mal, ces HLA peuvent engendrer une réponse immunitaire hyperactive; certains types d’HLA sont également associés à des risques accrus pour les maladies auto-immunes. Des chercheurs en microbiologie et immunologie de l’université de Melbourne (Australie) décrivent comment certaines formes d’HLA amènent à une réponse immunitaire à des médicaments spécifiques.

Les Gènes HLA sont parmi les protéines les plus variables génétiquement chez les mammifères, avec leurs différentes séquences et structures qui déterminent lequel des fragments de protéines (molécules du CMH), ils présenteront. Si il y a un fragment de la protéine inconnue attachée à une molécule HLA, le système immunitaire répondra. Mais il réagira également quand il y a un fragment familier coincé sur une molécule HLA inconnue. Cette situation, ainsi que la diversité génétique de ces molécules, est ce qui rend si difficile la recherche d’un donneur d’organe qui ne déclenche pas une réponse immunitaire. La plupart des médicaments ne sont pas des protéines, mais il y a encore des cas où un médicament peut interagir avec les HLA pour déclencher une réponse immunitaire.

L’abacavir est un médicament utilisé pour traiter le VIH et il induit un syndrome d’hypersensibilité uniquement chez les patients d’un type HLA particulier. Il s’avère que lorsque l’abacavir se lie à cette molécule HLA, il s’étend à travers le fond de la fente où le HLA tient habituellement des fragments de protéines qu’il présente.

Cela modifie la forme de la fente et, par conséquent, les types de fragments de protéine qui correspondent exactement à celle-ci. L’abacavir change ainsi le "soi" des fragments de protéines qui peuvent être présentées par ces molécules HLA, en affichant les protéines qu’ils n’auraient pas autrement. Cela crée une "auto-immunologie altérée” et, avec elle, le syndrome d’hypersensibilité de l’abacavir. Bien que les fragments de protéine présentés sont encore "soi", la présence de l’abacavir change leur présentation afin que les cellules T ne les reconnaisses pas comme tels.

Les chercheurs ont montré que ce mécanisme n’est pas unique à l’abacavir. La carbamazépine est un stabilisateur de l’humeur et un anticonvulsivant utilisé pour traiter les manies, le trouble bipolaire et les crises épileptiques. Chez certaines personnes d’ascendance asiatique, qui sont plus susceptibles d’avoir un type particulier d’HLA, il peut provoquer une réaction allergique potentiellement mortelle. Comme l’abacavir, la carbamazépine change les propriétés des fragments de protéines que ces molécules HLA présentent aux cellules T.

Les auteurs se réfèrent à "un médicament induit, altérant le “soi””. Bien que le choix de ces termes ne fait pas nécessairement apparaitre à l’esprit le système immunitaire, ils démontrent, de façon convaincante, que les médicaments peuvent altérer la réponse immunitaire en dictant quelles protéines spécifiques doivent se lier aux molécules HLA.

L’étude des chercheurs en immunologie et microbiologie de l’université de Melbourne publiée sur Nature : Immune self-reactivity triggered by drug-modified HLA-peptide repertoire.

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