Les microbes sont nos amis, il faut les aimer aussi : comment les germes régulent à vie le système immunitaire des enfants ?
Si vous ne le saviez pas encore, il n’est plus nécessaire de désinfecter les enfants tous les jours (…) L’exposition à des germes dans l’enfance est censée aider à renforcer le système immunitaire et protéger les enfants contre les allergies et l’asthme… mais il restait à définir la façon dont cela se produisait. Maintenant, les chercheurs ont identifié un mécanisme chez la souris qui peut expliquer le rôle de l’exposition aux microbes dans le développement de l’asthme et de la colite ulcéreuse, une forme courante de maladie inflammatoire de l’intestin.
Dans une étude publiée cette semaine (lien plus bas), les chercheurs montrent que chez la souris, l’exposition aux microbes, au tout début de sa vie, peut réduire les stocks de lymphocytes NKT, les cellules qui aident à combattre l’infection, mais qui peuvent aussi se retourner contre le corps, provoquant une variété de troubles tels que l’asthme ou une maladie intestinale inflammatoire.
L’étude prend en charge “l’hypothèse de l’hygiène”, qui soutient que ces maladies auto-immunes sont plus fréquentes dans notre monde développé où la prévalence des antibiotiques et des antibactériens réduisent l’exposition des enfants aux microbes.
Les chercheurs ont induit deux groupes de souris, un exempt de germes (que nous appellerons EG), élevé dans un environnement stérile, et l’autre groupe de souris exempte d’agents pathogènes spécifiques élevé dans des conditions normales de laboratoire, pour développer des formes d’asthme ou de colite ulcéreuse. Les souris EG avaient plus de lymphocytes NKT dans leurs poumons et ont développé les symptômes de maladies plus graves, ce qui indique que l’exposition aux microbes a, en quelque sorte, influencée les niveaux de lymphocytes NKT pour rendre les souris EG plus sensibles aux maladies inflammatoires.
L’étude a également révélé que le manque d’exposition, en début de vie, ne pouvait pas être compensé par l’introduction des souris EG à un plus large éventail de microbes à l’âge adulte.
A la recherche d’un mécanisme permettant d’expliquer l’influence de l’exposition aux microbes, les chercheurs se sont penchés sur la protéine CXCL16 (chimiokines), une protéine de signalisation associée à l’inflammation et aux cellules NKT. L’expression de la CXCL16 était plus élevée dans le tissu du côlon et des poumons des souris EG que chez les souris normales, et le blocage de cette expression a réduit le nombre de lymphocytes NKT et le montant de l’inflammation dans les tissus.
Une analyse du gène codant pour la CXCL16 a montré que cinq régions du gène étaient “hyper-exprimé” chez les souris sans germes en raison de la méthylation de l’ADN (utilisée pour réduire au silence ou réguler certains gènes sans modifier la séquence ADN originale), modifiant ainsi la production de protéines particulières. « Nous avons ensuite manipulé différents composés qui pouvaient contrôler la méthylation de l’ADN”, explique Dennis Kasper, un microbiologiste à l’école de médecine de Harvard, Massachusetts et co-auteur de l’étude, « La méthylation a réglé à la hausse la CXCL16, et a abouti à des niveaux plus élevés de lymphocytes NKT. »
Ces résultats suggèrent que : sans expositions à certains microbes, la méthylation augmente l’expression de la CXCL16, ce qui augmente en fin de compte le nombre de cellules NKT et l’inflammation.
« Il y a probablement certains organismes spécifiques et des molécules produites par ces organismes qui influent sur cette voie”, déclare Kasper. « Il semble qu’il y a quelque chose qui définit ce réglage à un très jeune âge, mais nous ne savons pas ce que c’est. »
Il reste difficile de savoir si les humains empruntent une voie similaire, mais les résultats « complètent ce que nous observons dans l’épidémiologie », explique Erika Von Mutius, chef du service étudiant et traitant l’asthme et les allergies chez les enfants à l’Hôpital universitaire de Munich. « Il soutient l’idée que le microbiome est très important et l’âge de l’exposition est déterminant. »
Le détail de la recherche publiée sur ScienceAAS : Microbial Exposure During Early Life Has Persistent Effects on Natural Killer T Cell Function.
J’ai bien aimé la référence musicale du titre 🙂
Il est vrai que de vivre dans un environnement stérile ou bien appauvri en microbes et autres bactéries n’aide pas vraiment le corps humain à se défendre naturellement, et que, même si le corps s’adapte tout au long de son existence, les premières années de la vie doivent être une sorte d’apprentissage à la résistance de son environnement.