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Zamami-Kerama -Okinawa- Japon

Nous savons qu’il y a quelques espèces qui ne meurent pas de vieillesse, comme la tortue géante et le rat-taupe nu. Mais ces espèces ne sont pas vraiment immortelles, car elles finissent, quand même, par mourir. Ces petits vers plats pourraient nous conter une autre histoire… qui pourrait avoir des implications majeures pour les humains qui essaient de vivre plus longtemps.

La sénescence négligeable est le terme utilisé pour les espèces dont le taux de mortalité n’augmente pas alors que les individus vieillissent et que les animaux ne connaissent pas la perte de leur capacité de reproduction, ni la diminution de leurs fonctions, observées normalement dans toutes les autres espèces. C’est en soi un impressionnant exploit biologique et de comprendre pourquoi les espèces comme la tortue géante, le rat-taupe nu, le homard, et le sébaste ont vaincu le vieillissement, est un thème majeur de la recherche sur la longévité.

Mais la sénescence négligeable n’est pas tout à fait la même chose que la véritable immortalité, c’est une chose pour les tortues de vivre 250 ans, mais nous ne nous attendons pas à en voir une vivre 2500 ans, même si nous et nos descendants, avions voué notre vie à les protéger de toute menace. Les Tortues ne pourront tout simplement pas être plus âgées. Pour l’immortalité, ce dont nous avons vraiment besoin, c’est d’une espèce qui reste jeune indéfiniment.

Cela peut sembler être une différence mineure, alors regardons un exemple de cette deuxième catégorie afin de mieux comprendre ce qui se passe ici. Les planaires, ou vers plats, ont essentiellement fait évoluer la méthode de l’immortalité vers une régénération perpétuelle. Bien que leur version de la régénération n’implique pas de modifications de leurs corps entiers, en une seule fois, ils sont capables de restaurer n’importe quel organe vital endommagé, y compris leurs cerveaux, ce qui pourrait modifier leur personnalité… s’ils avaient une personnalité…

Selon une nouvelle étude de l’Université de Nottingham, Angleterre (lien plus bas), ces vers plats peuvent vraiment vivre pour toujours, sauf accident.

Comme biologiste Dr Aziz Aboobaker l’explique :

Nous avons étudié deux types de vers planaires; ceux qui se reproduisent sexuellement, comme nous, et ceux qui se reproduisent de façon asexuée, se divisant simplement en deux. Tous deux semblent se régénérer indéfiniment en produisant de nouveaux muscles, de la peau, des viscères et même tout leur cerveau, encore et encore. Habituellement, lorsque les cellules souches se divisent, pour guérir les blessures ou lors de la reproduction ou pour la croissance, elles commencent à montrer des signes de vieillissement. Cela signifie que les cellules souches ne sont plus capables de se diviser et deviennent ainsi moins en mesure de remplacer des cellules spécialisées épuisées dans les tissus de notre corps. Le vieillissement de notre peau est peut-être l’exemple le plus visible de cet effet. Les vers planaires et leurs cellules souches sont, en quelque sorte, en mesure d’éviter le processus de vieillissement et de maintenir la division de leurs cellules.

 

L’expérience de l’équipe suggère que l’enzyme responsable de l’immortalité des vers plats est connu sous le nom de télomérase. Les télomères sont des “bouchons” de protection se trouvant aux extrémités des chromosomes (présenté ci-contre). Alors que les cellules se divisent à plusieurs reprises, les télomères commencent à s’effilocher. Et quand ils deviennent trop courts, les cellules ne peuvent plus se diviser et se multiplier. Ce processus de décomposition est l’origine biologique de la vieillesse et la mort. L’année dernière, des chercheurs déclaraient avoir trouvé un moyen de rajeunir ces télomères.

Dans de nombreux organismes, l’enzyme télomérase s’efforce de maintenir les télomères pendant la division cellulaire. Cependant, dans presque toutes les espèces, cette enzyme n’est active que pendant le développement de l’organisme. Une fois qu’il est mature, l’enzyme ne fonctionne plus et les télomères commencent à s’user. Le vieillissement a officiellement commencé.

Les chercheurs ont réussi à localiser un possible équivalent de l’enzyme télomérase dans les vers plats asexués. Lorsqu’ils ont bloqué sa fonction, les télomères des vers se sont raccourcis lors de la régénération. Quand ils ont à nouveau laissé la fonction enzymatique normale, le processus de régénération du ver s’est à nouveau mis en branle, ce qui signifie que toutes leurs cellules ont émergé du processus de renouvèlement avec des télomères vierges.

Ce n’est pas tout à fait le cas avec les vers plats sexués, même s’ils semblent aussi capables de se régénérer indéfiniment. Il y a deux possibilités ici : soit leurs télomères finiront par réduire, très progressivement, ou bien ils ont fait évoluer une autre manière de maintenir leurs télomères sans comporter de télomérase. Quelle qu’en soit l’explication, le Dr Aboobaker reste optimiste et pense que le ver plat pourrait bien révéler l’évolution de l’immortalité biologique :

Les vers planaires asexuées démontrent le potentiel de maintenir la longueur des télomères lors de la régénération. Nos données alimentent l’une des prédictions sur ce qu’il faudrait pour qu’un animal soit potentiellement immortel et comment ce scénario évoluera. Les prochains objectifs sont pour nous de comprendre plus en détail les mécanismes et de mieux comprendre comment vous engendrez un animal immortel.

Bien sûr, une fois que vous savez comment faire évoluer un animal immortel, la prochaine astuce sera de trouver comment adapter cette connaissance de la régénération pour des organismes plus complexes tels que… et bien, seulement les êtres humains (Peut-être les chiens, et les chats aussi, seulement ceux bien sûr qui sont nos meilleurs amis (ironie)), tout en sachant que l’immortalité n’est pas vraiment un avantage pour notre civilisation.

Ah, et j’allais oublier, les planaires n’ont pas d’anus, ce qui ne rentre pas du tout en jeu dans leur immortalité, mais bon…

L’étude publié sur PNAS (peer-reviewed) : Telomere maintenance and telomerase activity are differentially regulated in asexual and sexual worms.

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