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traquet motteux

Voici le traquet motteux, un petit oiseau mangeur d’insectes de l’Arctique. Chaque année, la moitié de l’espèce parcourt 7 200 km au-dessus du Groenland, à travers l’Atlantique, et vers le bas à travers l’Europe pour atteindre l’Afrique de l’ouest. Et l’autre moitié du voyage est encore plus folle.

Ce petit oiseau chanteur, qui se trouve tout le long de l’Alaska et de l’Arctique canadien, pèse un peu moins de 30 gr. Ce qui fait déjà de lui, l’un de plus petits oiseux migrateurs, mais l’ampleur de ses voyages annuels est stupéfiante, comme une équipe de biologistes allemands la récemment découvert. Les chercheurs ont marqué plus de trente oiseaux des deux populations de l’est et de l’ouest avec des géolocalisateurs, pour revenir un an plus tard afin de constater l’endroit où les oiseaux avaient passé l’hiver glacial de l’Arctique.

Seulement deux oiseaux de l’Ouest sont revenus avec leurs marquages intacts, et seulement un seul oiseau de l’Est marqué est revenu, mais c’était suffisant. Les traquets de l’Est du Canada ont quitté leurs maisons sur l’ile de Baffin et ont volé les 3 200 km vers les iles britanniques en seulement quatre jours, en survolant probablement le Groenland pour y arriver. Ils ont ensuite été vers le sud à travers l’Europe et ont parcouru 4 000 km pour atteindre la Mauritanie (Afrique de l’Ouest). Il leur a fallu seulement 26 jours pour faire le voyage et 55 jours pour revenir à l’ile de Baffin.

C’est la population de l’Est, qui a déjà une migration qui est l’une des plus grandes pour la plupart de ce que sont capables de faire les espèces. Mais la population de l’Alaska fait passer les oiseaux canadiens pour des “petits joueurs”. Ils parcourent 14 500 km dans chaque sens, chaque année, voyageant à travers l’est de la Russie et le Kazakhstan avant de traverser le désert d’Arabie pour atteindre les pays en Afrique de l’Est, très probablement du Soudan, au Kenya, ou l’Ouganda sur la base des données de géolocalisation.

Pour placer ce long périple à l’échelle humaine, nous pesons environ 3 000 fois plus que ces minuscules chanteurs. Nous aurions à parcourir environ 80 millions de kilomètres pour couvrir le même type de distance des traquets motteux. En d’autres termes, notre espèce entière aurait besoin de voyager vers Mars et d’en revenir chaque année.

Comme les chercheurs expliquent dans leur article publié dans Biology Letters (lien plus bas), les modèles de migration du traquet datent du Pléistocène, ce qui signifie que ces oiseaux pourraient bien avoir effectué leurs voyages transcontinentaux bien avant que les humains aient atteint les Amériques. Pendant ces milliers d’années, les oiseaux n’ont apparemment jamais décidé de simplement rester dans l’Arctique pour l’hiver, ou même de s’installer sur une zone au trajet plus court sur les parties les plus chaudes de l’Amérique. Cela signifie qu’il doit y avoir une incitation sérieuse de l’évolution pour que ces oiseaux continuent à faire ce voyage, ou aucune bonne raison pour eux de l’abandonner.

La recherche publiée sur Biology Letters : Cross-hemisphere migration of a 25 g songbird.

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