Sélectionner une page

appendice2

Notre appendice (iléo-cæcal) est probablement le plus célèbre des organes atrophiés de l’humanité, mais il pourrait ne pas réellement mériter le titre de "vestige". L’appendice pourrait réellement conserver des bactéries vitales pour leurs futures utilisations par le corps.

Le consensus scientifique actuel est que l’appendice était autrefois utile, lorsque les humains consommaient beaucoup de plantes à haute teneur en cellulose, mais ces dernières années une vision alternative a émergé. L’appendice pourrait en fait servir de réserve vitale pour les bactéries habituellement trouvées dans notre intestin. Si une maladie comme le choléra s’attaque à notre corps, l’approvisionnement de l’intestin en bactéries bénéfiques peut être anéanti. Dans ce cas, l’appendice libère alors des bactéries supplémentaires pour compenser le manque à gagner.

Coupe transversale d’une appendice iléo-cæcal enflammée (appendicite) :

appendice3

C’est une idée intéressante, mais elle comporte deux problèmes majeurs. D’abord, nous parlons d’une hypothèse qui réinvente complètement la fonction (ou son absence) d’un des organes de notre corps. Cela tombe dans la catégorie d’une extraordinaire revendication  qui a besoin de quelques preuves vraiment probantes pour être confortée. Deuxièmement, il est presque impossible de trouver une preuve solide pour cela.

Il est néanmoins assez facile de trouver une hypothèse vérifiable : les personnes qui ont encore leur appendice doivent être en mesure de mieux récupérer d’infections intestinales graves  que ceux qui ont eu l’organe prélevé. Le problème est comment faire pour tester cette prédiction d’une manière qui ne viole pas toutes les lignes directrices de l’éthique simple.

C’est un sujet que l’auteur de science Rob Dunn a exploré dans un article sur le Scientific American (lien plus bas).

Pour tester cette prédiction, on pourrait comparer le sort des individus avec et sans leurs appendices, après avoir été infectés expérimentalement avec un agent pathogène intestinal. Plus facile à dire qu’à faire. Ils ne seront pas nombreux les étudiants à vouloir s’inscrire pour recevoir, volontairement, une dose de choléra, et des rats de laboratoire, comme les cochons d’Inde ne disposent pas d’un appendice.

Il y avait une voie à suivre… Les scientifiques pouvaient comparer le destin des individus qui souffrent d’infections intestinales et qui ont un appendice à celui des individus qui souffrent des mêmes infections intestinales et qui n’ont pas d’appendice. Ils pourraient, en d’autres termes, profiter de la terrible expérimentation naturelle, engendrée par la propagation d’une maladie humaine. Une telle étude serait plus facile dans les pays en développement où le choléra, ainsi que d’autres maladies similaires sont fréquentes, mais ce sont les mêmes régions où l’on enregistre le plus d’appendicectomies.

Cas de choléra par pays. La taille / déformation d’une région présente la proportion de tous les cas de choléra dans cette région en 2004.

Cholérea-carte-mondiale

Les premières preuves semblent suggérer que l’appendice a un rôle à jouer dans le renfort en bactéries pour intestin appauvri, bien que des tests supplémentaires soient nécessaires. Si ce résultat se maintient, il placera la science médicale dans un dilemme, si les avantages de la conservation de l’appendice sont assez grands, y a t’il encore un sens à effectuer des appendicectomies, que d’essayer de sauver l’organe enflammé avec des antibiotiques ? C’est une question inattendue que les médecins pourraient avoir à débattre dans un avenir relativement proche.

Pour l’histoire complète, vous pouvez consulter l’article de Rob Dunn : Your Appendix Could Save Your Life.

Pin It on Pinterest

Share This