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Surnommer quelqu’un un rat ne doit plus être considéré comme une insulte. Les rongeurs, souvent décriés, se sont dégagés de cette image dont on les a affublé pour libérer un ami emprisonné, une démonstration grégaire qui est alimentée par l’empathie, selon une conclusion de chercheurs le 9 décembre dans la revue Sciences.

"En tant qu’êtres humains, nous avons tendance parfois, à avoir ce sentiment qu’il y a quelque chose de spécial au sujet de notre moralité", explique Christian Keysers neuroscientifique à l’Institut néerlandais des neurosciences à Amsterdam, qui n’était pas impliqué dans l’étude. "Il semble que même les rats ont cette envie d’aider."

Comme beaucoup de propriétaires de rat domestique le savent, les rats sont des animaux très sociaux, selon le Co auteur Inbal Ben-Ami Bartal, psychologue à l’Université de Chicago. Bartal et ses collègues ont voulu voir si les rats prendraient des mesures pour soulager la souffrance d’un compagnon en cage. L’équipe a mis un rat dans une petite cage transparente qui pouvait être ouverte de l’extérieur et un autre rat qui pouvait errer librement en dehors de la cage pour une période d’une heure à la fois.

Initialement, le rat libre faisait le tour de la petite cage, la grattant et la mordant. Après environ sept jours de rencontre avec son ami emprisonné, le rat “libre” appris à ouvrir la cage pour libérer le rat pris au piège. “Il est très évident que c’est intentionnel”, dit Bartal. "Ils marchent jusqu’à la porte et l’ouvrent." La libération est suivie par une frénésie démontrée par une course excitée.

Les rats décideraient d’agir quand un autre rat est en détresse : des cages vides n’inspiraient pas les rats à apprendre à en ouvrir la trappe, à la différence de ceux qui étaient motivés pour sauver un rat pris au piège. À la fin de l’expérience, seulement cinq des 40 rats ont appris à ouvrir une cage vide, alors que 23 des 30 rats ont appris à ouvrir la cage pour libérer son occupant. (Et des animaux en peluche piégés donnaient les mêmes résultats que pour les cages vides.)

"Si j’ouvre la porte, la détresse de ce rat s’en va et ma détresse s’en va”, note le psychologue Matthew Campbell, de Yerkes National Primate Research Center à l’Université Emory à Atlanta, qui étudie l’empathie chez les chimpanzés. "Ils sont touchés par ce que l’autre ressent et cela est remarquable."

Pour repousser les limites de la bonne volonté des rats, Bartal et son équipe ont opposé un rat pris au piège contre du chocolat piégé, forçant un rat à choisir celui qu’il devait libérer. "Ces rats adorent le chocolat", dit-elle. Les résultats ont étonné Bartal : les rats étaient aussi susceptibles de libérer un rat en détresse que de libérer les sucreries. Pour un rat, libérer un congénère rongeur était aussi important que cinq pépites de chocolat.

Et la gentillesse ne s’arrête pas là : “La chose la plus marquante est qu’ils ont laissé quelques-uns des chocolats pour l’autre rat “, dit Bartal. Le rat héros a laissé une ou deux pépites de chocolat pour son associé nouvellement libéré dans plus de la moitié des essais. Le but. "Ce n’est pas comme s’ils avaient loupé un chocolat", explique Bartal. “Ils l’ont parfois réellement sorti du dispositif, mais sans le manger."

L’étude consultable dans son intégralité sur Science : Empathy and Pro-Social Behavior in Rats.

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