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Les poissons d’argent (lépisme) Malayatelura ponerophila est un parasite cleptomane qui vit parmi les féroces fourmis légionnaires de l’Asie du Sud, trainant dans leurs colonies mobiles et vivants sur les réserves de nourriture que les fourmis rapportent à la maison. Mais comment survit-il en tant qu’imposteur à plein temps ?

Ci-dessous : Poisson d’argent (lépisme), pas exactement du même type que le Malayatelura ponerophila, mais vous donne une idée de sa forme (lorsqu’il n’est pas attaqué).

Malayatelura ponerophila

Une étude qui vient d’être acceptée pour publication dans la revue Évolution BMC (lien plus bas), montre que ces parasites furtifs évitent de se faire détecter en se frottant sur les fourmis immatures appelées Callows, fourmis “adolescentes” , qui ont récemment émergé de leur stade larvaire. Cela donne au lépisme un revêtement de produits chimiques, appelés hydrocarbures cuticulaires (ou CSC), que les fourmis, presque aveugles, utilisent pour reconnaitre leurs congénères dans l’obscurité. C’est une façon dangereuse de vivre ; une armée de fourmis a des sens vifs et est habituellement apte à reconnaitre les intrus, pour ensuite les expulser ou les tuer, même leur compatriote Leptogenys distinguenda si elles sentent qu’elles sont d’une colonie différente.

Dans l’étude, les chercheurs ont d’abord catalogué tous les hydrocarbures cuticulaires utilisés par les fourmis, pour en trouver 70 en tout. Ils ont effectué la même chose pour le poisson d’argent, ils ont trouvé qu’il n’en produisait aucun. Ils ont ensuite recouvert les fourmis immatures d’un marqueur (radioétiquette) d’hydrocarbures de structure similaire aux hydrocarbures cuticulaires. Ils ont constaté que le poisson d’argent avait acquis un montant élevé de ce marqueur, après une journée passée à proximité des jeunes fourmis, qui a été observé s’y frottant.

Image d’entête : tirée de l’expérience (A) lépisme recouvert d’hydrocarbures cuticulaires pas d’attaque des fourmis, (B) sans d’hydrocarbures cuticulaires…

Dans une expérience distincte, les chercheurs ont aussi isolé des lépismes pendant environ une semaine et ont constaté que les niveaux de ces produits chimiques à l’odeur de fourmi a progressivement diminué. Ils ont ensuite comparé les interactions de l’armée de fourmis avec des lépismes isolés et non isolés. Comme prévu, les fourmis ont répondu de façon plus agressive aux parasites isolés, en les attaquant environ cinq fois plus souvent.

Si les résultats sont confirmés, cela serait la première démonstration d’une imitation de fourmis en acquérant la totalité de leur CSC. Plusieurs autres types de soi-disant myrmécophiles (association symbiotique d’organismes avec les fourmis) ont été démontrés comme synthétisant des produits chimiques afin de se fondre dans la population ciblée.

Étonnamment, peu de lépismes sont tués dans leurs interactions avec les fourmis ; 75 % des créatures isolées ont survécu malgré de fréquentes attaques. Les chercheurs pensent que cela peut être attribuable en partie à la rapidité des imposteurs, ainsi qu’à ses courts appendices, à leur tête rétractable et à la réduction de leur corps pour former un bouclier.

L’étude publiée sur Biomedcentral : Acquisition of chemical recognition cues facilitates integration into ant societies et l’étude complète au format PDF.

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