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Juste d’imaginer des ongles ratissant la surface d’un tableau noir est suffisante pour faire frissonner d’effroi bon nombre de personnes, mais les raisons de cette réaction sont restées un mystère pendant des décennies. Les scientifiques l’ont attribuée à tout, du stimulus visuel associé au son, à une réaction innée qui permet de préserver son audition, il y a même eu un prix Ig Nobel décerné pour une recherche sur les ongles sur le tableau.

Aujourd’hui, deux chercheurs européens pensent qu’ils ont découvert quelques nouveaux indices sur le mystère des ongles sur le tableau noir. La première raison serait physiologique, la seconde, psychologique.

Les scientifiques savent depuis un certain nombre d’années que la plupart des sons, les plus désagréables pour l’oreille humaine, se produisent entre deux et quatre kilohertz. Incidemment, quand les chercheurs Michael Oehler et Christoph Reuter firent varier le son de divers bruits désagréables, joués pour des cobayes bénévoles (y compris les bruits de fourchettes grattées contre des assiettes, des ongles frottant un tableau noir et le grincement de styromousse (un type de polyester) frotté, ils ont constaté que la plus "douloureuse" fréquence (mesurée par des indicateurs de stress, tels que le rythme cardiaque et la pression artérielle) a aussi lieu dans cette gamme.

Cette découverte, en soi, n’est pas totalement nouvelle. Le neuroscientifique américain Josh McDermott a tiré une conclusion similaire en 2009, en précisant que la plupart de la perte d’audition, due au bruit, survient entre 2kHz et 4kHz et qu’il est “concevable que la réaction d’aversion reflète en partie la vulnérabilité de l’oreille."

Oehler et Reuter ont remarqué que bon nombre des caractéristiques acoustiques de la parole humaine entrent également dans cette bande de fréquence, suggérant que la forme de nos canaux auditifs pourrait avoir évolué pour amplifier les fréquences dans cette gamme spécifique.

Les désagréables fréquences se situent dans la gamme de la voix humaine (graphique Oehler et Reuter) :

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Deuxièmement, durant la seconde moitié de l’expérience, Oehler et Robert ont diffusé ce qu’ils avaient précédemment déterminé comme étant les deux sons les plus désagréables (ongles ratissant un tableau noir et le grincement de la craie contre l’ardoise) pour leurs bénévoles. Cette fois, cependant, ils ont informé la moitié de leurs auditeurs qu’ils écouteraient un morceau de musique contemporaine et à l’autre moitié qu’ils écouteraient le cri du tableau noir.

Les auditeurs, à qui l’on a dit qu’ils seraient soumis aux sons du tableau, étaient plus susceptibles d’évaluer le bruit comme désagréable que ceux informés qu’ils allaient écouter de la musique. Encore plus intéressant, cependant, fus de constater que les indicateurs de stress des participants avaient changé de manière cohérente, indépendamment de ce qu’on leur a dit ou de comment ils avaient évalué le bruit.

Et pour votre plus grand plaisir, le son des ongles contre un tableau noir :
Une craie sur une ardoise :

Pour autant, ce mystère n’est pas encore tout à fait élucidé. Les chercheurs pensent que l’amplification des fréquences dans la gamme 2kHz-4kHz aurait pu être importante pour la survie humaine, au début de notre histoire évolutive, ce qui nous permet de répondre au cri d’un bébé, ou de répondre à l’appel à l’aide d’un autre individu. Cette hypothèse est celle qui a été explorée auparavant chez le singe et cette seule espèce examinée n’a pas démontré la même aversion à ces sons, que les humains.

Pour l’instant, cependant, Oehler et Reuter ont l’intention d’explorer si, oui ou non, leurs résultats pourraient aider les ingénieurs à rendre plus supportables ces bruits gênants de tous les jours (comme ne plus faire pleurnicher l’aspirateur).

“Nos résultats pourraient être utiles pour le design sonore de la vie quotidienne", a déclaré Edgar Oehler.

Le détail de la recherche ici : Psychoacoustics of chalkboard squeaking.

 

 

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