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IRM-Cerveau

La capacité à garder séparée la réalité de l’imagination est liée à la présence d’un pli dans notre cerveau, selon une récente recherche.

Un des gros travaux de la mémoire, est de garder intact ce qui s’est passé par rapport à ce nous avions imaginé : si l’on s’est dit quelque chose à haute voix ou à nous-mêmes, si nous avons effectivement verrouillé la porte derrière nous ou tout simplement pensée à verrouiller la porte. Cette capacité, selon une nouvelle étude, est liée à la présence d’un petit pli à l’avant du cerveau, que certaines personnes ont et d’autres à peine ou pas du tout. Une découverte qui pourrait aider les chercheurs à mieux comprendre non seulement la mémoire, mais des troubles comme la schizophrénie dans laquelle la frontière entre le réel et l’imaginaire est floue.

Scans d’un cerveau avec un sillon frontal paracingulaire distinctifs (à gauche, marqué par la flèche) et sans (à droite) :

pcs

Les chercheurs ont examiné les IRM cérébrales d’un grand groupe d’adultes en bonne santé. En particulier, ils cherchaient le sillon frontal paracingulaire (PCS pour paracingulate sulcus), un pli à l’avant du cerveau. Il y a beaucoup de variabilité dans le PCS. Il se situe dans une partie du cerveau connue pour avoir un rôle important dans le suivi de la réalité, c’est pourquoi les chercheurs ont choisi de l’étudier. Sur les 53 personnes sélectionnées pour l’étude, certains avaient ce pli des deux côtés de leur cerveau, certains d’un seul côté et d’autres n’avaient pas de pli.

Les participants dut observer quelques paires de mots bien connus ("Dr Jekyll et Mr Hyde") et la moitié de quelques paires ("Dr Jekyll et Mr?"). S’ils ne voyaient que la moitié d’une paire, on leur demandait d’imaginer l’autre moitié («Hyde»). Après chaque paire ou demi-paire, soit le participant ou l’expérimentateur, prononçait à haute voix le couple de mots.

Une fois qu’ils avaient vu toutes les paires, les participants devaient répondre à deux questions au sujet de chaque phrase : avez-vous vu les deux mots de la paire, ou un seul ? Et qui a dit cette phrase à haute voix, vous ou l’expérimentateur ?

Les personnes, qui n’ont pas le pli de chaque côté de leur cerveau, ont eu les moins bons résultats, sur ces deux types de questions-souvenirs, si quelque chose était réel ou imaginaire et se souvenir de qui avait fait quelque chose, à la différence des sujets dont le cerveau avait le pli. Mais ils se sentaient aussi confiants dans leurs réponses, ce qui signifie qu’ils n’ont pas réalisé qu’ils avaient mélangé les évènements internes et externes.

Cette faible “surveillance de la réalité”, de se rappeler si quelque chose était réel ou imaginé, pourrait jouer un rôle dans des maladies comme la schizophrénie. Les schizophrènes font souvent état d’hallucinations, comme entendre une voix quand personne ne parle. Par exemple, la personne pourrait imaginer la voix, mais l’attribuer à tort comme étant réel ", a expliqué le principal chercheur, Jon Simons.

Des études antérieures ont montré que les personnes atteintes de schizophrénie ont souvent un petit PCS ou pas du tout, ce qui suggère un manque de structure de cette partie du cerveau et les difficultés associées à la surveillance de la réalité, qui pourrait jouer un rôle dans la maladie, selon Simons.

Pas si vite : L’étude montre seulement que le PCS et le suivi de la réalité sont liés, non pas que la présence ou l’absence du PCS est ce qui fait que certaines personnes seraient meilleures que d’autres dans des travaux de mémoires. Il peut y avoir d’autre facteur dans le développement du cerveau, qui influence la taille du PCS et le suivi de la réalité, par exemple. Idem, dans le cas de la schizophrénie, certains éléments extérieurs au PCS pourrait avoir influence la taille ou la présence de celui-ci…

L’équipe de recherche prévoit maintenant d’étudier si ces résultats sont valables pour les personnes souffrant de schizophrénie, en regardant si les schizophrènes, avec peu ou pas de repli, ont plus d’hallucinations que les participants avec un pli clair.

L’étude publiée sur The journal of neuroscience : A Specific Brain Structural Basis for Individual Differences in Reality Monitoring et l’annonce de la découverte sur le site de l’université de Cambridge : Keeping track of reality.

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