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Une nouvelle découverte, accompagnée d’une série de douloureux tests sur de gentils cobayes, précise le fonctionnement du mystérieux effet placebos qui apparemment s’appuie sur les cannabinoïdes endogènes (produit par le corps humain).

Dans les essais cliniques, les nouveaux médicaments sont souvent comparés aux traitements plus anciens, mais parfois ils sont également comparés à des placebos, des traitements inertes qui ne devraient avoir aucun effet. Sauf que ce n’est pas ce qui se passe. L’effet placebo peut effectivement être assez fort et encore plus étrangement, les placebos peuvent fonctionner même lorsque le patient sait que s’en est un. N’hésitez pas à consulter mon précédent article et la vidéo qui l’accompagne, pour tout savoir sur l’étrange pouvoir de l’effet placébo.

La plupart de ce que nous savons sur les placebos proviennent des résultats d’études sur la façon dont nous gérons la douleur, car il est plus éthique de donner à quelqu’un, un placebo à la place d’un analgésique, que pour remplacer un médicament anticancéreux ou l’insuline. Certains de ces effets analgésiques (antidouleur) d’un traitement placebo sont dus aux opioïdes endogènes, ceux produits par le corps. Des preuves suggèrent, désormais, qu’un effet supplémentaire résulte de la voie cannabinoïdes, selon une publication dans Nature Medicine (lien plus bas).

L’activité analgésie opioïde du placebo ne fonctionne pas tout le temps. Expérimentalement, les chercheurs peuvent l’induire par le préconditionnement d’un sujet de recherche avec un réel analgésique opioïde. Ou, pour faire simple, affliger au sujet /cobaye un stimulus douloureux, pour lui donner un opioïde afin de le soigner, et cela plusieurs fois de suite… Puis, au lieu de lui donner un vrai médicament, vous lui donnez un placebo, ce qui va bloquer la douleur. De plus, vous pouvez inhiber l’action du placebo, en donnant au cobaye un antagoniste des opioïdes, comme la naloxone, qui bloque l’effet des opioïdes.

Encore là ? Car ce n’était pas la partie la plus compliquée. Vous pouvez également utiliser un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) comme l’ibuprofène, pour créer un effet analgésique placebo. Mais cette fois, il ne peut pas être bloqué par la naloxone. Donc, il y a plus d’une voie biochimique responsable des effets analgésiques des fausses pilules. Cette nouvelle étude implique une tentative pour trouver les voies alternatives.

L’étude de Nature Medicine implique plusieurs groupes de test pour mesurer leur réponse à la douleur d’un garrot sur cinq jours non consécutifs. Le premier groupe n’a reçu aucun traitement pendant l’étude et ils n’ont montré aucune variation du seuil de la douleur dans sa durée. Un deuxième groupe a reçu de la morphine aux 2 et 3é jours et un placebo au 4é jour qui avait le même effet analgésique que la morphine. L’effet placebo normal a fonctionné.

Un troisième groupe a reçu, à leur insu (au-delà du consentement éclairé) un médicament appelé Rimonabant (commercialisé sous Acomplia et aussi connu sous le nom SR141716A). Le rimonabant fonctionne, en grande partie, en bloquant un récepteur appelé CB1. Le CB1 (cannabinoïde) est activé dans le corps par une molécule appelée anandamide et c’est aussi le même récepteur que les cannabinoïdes activent. Le rimonabant n’a eu aucun effet sur la tolérance à la douleur dans ce groupe, qui a eu des réponses très similaires aux sujets n’ayant reçu aucun médicament durant les tests. De cela, il peut en être déduit que, le blocage du signal cannabinoïdes à travers le CB1 n’a aucun effet sur le type de douleur mesurée.

Un autre groupe a reçu le traitement à base de morphine décrit au-dessus, mais a également obtenu du rimonabant avec le placebo. Encore une fois, dans ce groupe, le rimonabant n’a eu aucun effet, ce qui signifie que l’effet placebo opioïde ne fonctionne pas dans la voie cannabinoïdes de l’organisme.

Enfin, il y avait deux groupes de plus, à qui l’on a donnés du kétorolac, un AINS, au lieu de la morphine aux 2es et 3e jour. Un de ces groupes a reçu un placebo au 4é jour , qui a fonctionné aussi bien que le kétorolac.

L’autre groupe a eu un placébo plus du rimonabant. Normalement, le placebo pourrait bloquer la douleur, mais, dans ce cas le groupe placébo + rimbonant n’a eu aucun effet. Cela indique que le rimonabant bloque l’effet placébo. Ce qui suggère que les cannabinoïdes jouent un rôle important dans l’effet placebo non opioïde préconditionnés.

C’est une importante étude qui nécessite encore de la recherche pour confirmer complètement ce phénomène.

l’étude publiée le 2 octobre, sur Nature Médicine : Nonopioid placebo analgesia is mediated by CB1 cannabinoid receptors.

Source

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