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Les ornithologistes avaient tout d’abord mis en avant la théorie que les colibris récupéraient le nectar en utilisant l’adhésion capillaire (où le liquide s’élève contre la gravité dans un tube étroit) en 1833 et depuis lors, personne ne l’avait documenté. Dans une nouvelle étude, la recherche a montré que ce n’est pas du tout l’action capillaire, mais une langue fourchue qui piège le liquide.

Avec des ailes qui battent jusqu’à 90 fois par seconde et des pulsations cardiaques supérieures à 1200 battements par minute, les colibris dépendent du nectar riche en calories comme carburant. Ils peuvent facilement consommer leur propre poids chaque jour; une étude décrit qu’un colibri de 3 grammes consomment 43 grammes d’eau sucrée par jour, soit 14 fois son poids corporel.

colibri_maleLa Professeur agrégée d’écologie Margaret A. Rubega et l’étudiant diplômé Alejandro Rico-Guevara de l’Université du Connecticut ont utilisé une caméra haute-vitesse et des fleurs artificielles qu’ils ont créé, afin de savoir exactement ce qui arrive quand les colibris récupèrent le nectar. Ils ont enregistré 30 colibris de 10 espèces différentes, ainsi que des examens post-mortem effectué sur 20 autres oiseaux.

Ci-dessous, un colibri léchant le nectar : Une vidéo ralentit (165 fois plus lent qu’en temps réel) de la vue latérale d’un Érione pattue (Eriocnemis vestita) en vol stationnaire et se nourrissant de nectar artificiel. On peut constater de la bifurcation de la langue dès qu’elle entre en contact avec le liquide. 500 images par seconde et le chronomètre affiche les millisecondes.

Le colibri a la langue fourchue, bordée de pointes de cheveux que l’on appelle lamelles. Lorsque plongée à l’intérieur de la fleur, la langue se scinde et les lamelles s’étendent vers l’extérieur. Alors que  l’oiseau retire sa langue vers l’intérieur, les extrémités se réunissent et les rouleaux de lamelles ce replis vers l’intérieur. Cette action pièges le nectar dans la langue.

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Ci-dessus : la langue d’un colibri complètement immergé dans le nectar, les franges (lamelles) et rainures ouvertes à plat à l’intérieur du liquide. Sur la droite, la pointe du bec est visible.

Ci-dessous en vidéo : le léchage, en gros plan, du nectar artificiel par un colibri (Colibri flavescent de virginie). Un mouvement lent (toujours 165 fois plus lent qu’en réalité). On peut y observer l’ouverture des lamelles et la rotation de la langue qui entre et sort du fluide.

Ils ont découvert, lors des examens post-mortem, qu’il s’agit d’un processus qui est automatique et ne nécessite aucune énergie de la part de l’oiseau. En manipulant les oiseaux morts, ils ont découvert que poser la langue devant une surface liquide a suffi à déclencher le processus de fermeture.

Vidéo : la langue du colibris piégeant le nectar. Un grossissement de 50 ×, le mouvement lent (330 fois plus lent qu’en temps réel) de la vue dorsale d’une section de la langue post mortem d’un Colibri à gorge rubis (A. colubris) qui se rétracte à la sortie d’une goutte de nectar artificiel. Notez comment chaque lamelle se courbe et se ferme pour piéger le  fluide dès qu’il passe à travers l’interface air-liquide. 2400 images par seconde et le chronomètre affiche les millisecondes.

Maintenant que les ornithologistes ont déterminé comment la langue fonctionne pour recueillir le nectar, ils prévoient de poursuivre leurs recherches pour déterminer comment les oiseaux sont capables d’avaler. Leurs langues peuvent effleurer le nectar jusqu’à 20 fois par seconde, ainsi l’avaler devrait être aussi une action assez rapide. Rico-Guevara prévoit d’utiliser de la microtomographie à rayons X pour voir exactement comment se déroule la déglutition.

L’extrait de l’étude publiée dans les Actes de l’Académie nationale des sciences,: The hummingbird tongue is a fluid trap, not a capillary tube.

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