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Un scientifique, qui étudie les petits poissons-éléphant (ou mormyridés), pourrait être tombé sur la clé de la spéciation, le processus évolutif par lequel de nouvelles espèces vivantes apparaissent. Et tout est une question de développement de nouvelles perceptions sensorielles.

Illustration d’entête : Comme les dialectes régionaux, chaque espèce de poisson-éléphant discute avec un signal électrique unique.

Les poissons-éléphant, comme d’autres créatures qui vivent en eau trouble, communiquent par l’intermédiaire de faibles signaux électriques. En utilisant un organe électrique spécial à la base de leur queue, qui envoie et reçoit les signaux, les poissons sont capables de naviguer et de se trouver les uns les autres, même quand la visibilité est nulle.

Le biologiste Bruce Carlson de l’université de Washington a étudié près de 200 espèces de ces poissons, pendant de nombreuses années et voulait savoir s’il y avait un lien entre la structure du cerveau des poissons et leur rapide spéciation. Grâce à ses découvertes, il put conclure que la complexité du cerveau semblait mener le poisson à évoluer et se diversifier rapidement. Et la complexité du cerveau provient directement de la puissance de traitement sensoriel des poissons.
 
Vivre dans un milieu assombri, vaseux, exige que le poisson reconnaisse les signaux électriques de sa propre espèce et ignore les signaux provenant d’autres espèces. Partant de ce principe, les chercheurs ont étudié une région du mésencéphale qui est consacrée à l’analyse de ces signaux, connus comme le noyau exterolateral ou EL, dans 26 différentes espèces de poissons-éléphant. Ils ont constaté que le développement du EL conduit à la détection des signaux et à une spéciation rapide, dans une lignée de mormyridés, tandis que la lignée soeur qui a divergé avant le développement de l’EL avait réduit ses capacités de détection de signaux et ne s’est pas diversifiée. Les poissons qui étaient en mesure de mieux reconnaitre les différents types de décharges et de pulsations électriques, ainsi que l’intervalle entre ces impulsions, avaient un système sensoriel beaucoup plus complexe que ceux qui ne le peuvent.

Arbre généalogique du mormyridés (clic agrandir) :
Mormyrid_arbre-familleSelon Carlson et ses collègues : Dans le groupe de tête des poissons, des espèces du genre Paramoryrops, avec un  traitement complexe du signal par le cerveau, les décharges ont changé rapidement, entraînant, de façon spectaculaire, des impulsions radicalement différentes entre ses espèces étroitement apparentées. Dans le groupe de poissons inférieurs, des espèces du genre Petrocephalus mésencéphale est plus simplement structuré, toutes les espèces ont des impulsions similaires. La différence vient du fait que le groupe de tête a les caractéristiques anatomiques nécessaires pour exploiter l’espace des signaux, des particularités physiques lui permettant de produire différentes impulsions, ainsi qu’une capacité d’analyse et de perception sensorielle des petites différences dans la forme des impulsions.

Carlson rajoute :

Il est toujours difficile, avec les études sur l’évolution, de dire que tel trait est la cause ou le déclencheur de l’autre. Mais dans ce cas, nous avons pu montrer que le traitement complexe du signal par le cerveau a évolué avant l’éclatement de la spéciation, que la variation du signal était plus élevée chez les poissons avec ce cerveau et que ces poissons pouvaient distinguer des impulsions légèrement différentes, tandis que d’autres en étaient incapables. Ensemble, ils fournissent des preuves solides que l’évolution du cerveau déclenche une diversification accrue.

Donc, selon les chercheurs, les espèces dont le cerveau évolue assez rapidement sont de probables candidats pour la spéciation. La clé de l’évolution rapide du poisson-éléphant semble provenir de la capacité du cerveau à trier les données sensorielles.

Cela voudrait’-il dire, que nous, homo sapiens bombardés par divers éléments sensoriels et pas toujours du meilleur goût, pourrions évoluer en différentes espèce ? Rats des villes, rats des champs…

L’extrait de l’étude : Brain Evolution Triggers Increased Diversification of Electric Fishes.

Le site du laboratoire du biologiste et auteur de l’étude, Bruce A. Carlson : The Carlson Lab

Source et Source

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