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MoholeDans ce qui peut être décrite comme une entreprise gigantesque, des scientifiques, dirigés par le Dr Damon Teagle du Centre national d’océanographie de Southampton, en Angleterre et le Dr Benoit Ildefonse de l’Université de Montpellier, ont annoncé conjointement, dans un article paru dans Nature, qu’ils ont l’intention de forer un trou dans la croute et le manteau terrestre. Un exploit qui à déjà été tenté il y a 50 ans précisément.

manteau-terrestre

Le manteau terrestre est la partie de la planète qui se trouve entre la croute et le noyau liquide en son centre et pour y arriver, il faudrait effectuer un forage à partir du milieu de l’océan, parce que la croute y est beaucoup plus mince. Et encore, cela signifierait de creuser dans, au moins, 8 km de roche solide. Et comme si ce n’était pas assez, plus vous descendez plus les températures augmentent, pouvant atteindre les 300 °C; suffisamment chaud pour rendre inutilisables les forets les plus modernes. Dernier point, mais non des moindres, le problème de la pression atmosphérique, près du manteau, qui monterait à 2 000 atmosphères ce qui équivaut à une pression de plus de 21 000 000 kilogrammes par mètre carré.

Ce dernier point, peut ne pas sembler être un problème, lorsque l’on creuse un trou, mais avec un forage d’exploration, cela devient rapidement contraignant, car le trou doit être utilisé pour extraire des échantillons situés très loin en dessous. Pour acquérir un échantillon, les foreurs devront s’appuyer sur des foreuses sans riser (une perceuse qui utilisent deux tuyaux pour l’évacuation des gaz), ce qui signifie qu’ils devront pomper l’eau de mer dans le trou, à travers la tige de forage, avec une pression suffisante pour forcer les gravas à remonter à la surface, afin qu’ils puissent être examinés.

Ce ne serait pas la première fois qu’un échantillon du manteau serait récupéré ! Et oui, la nature s’en est chargée, comme les volcans ou pris au piège dans les chaînes de montagnes. Mais ces matières ont été contraintes de traverser toutes les couches avant d’atteindre la surface, les contaminants. Avec cette future expédition, ce serait la première fois qu’un échantillon serait ramené à la surface sans être contaminé.

Le forage, selon les scientifiques, pourrait non seulement préciser la composition du manteau terrestre, mais aussi révéler la nature de la couche de Moho, abréviation de discontinuité de Mohorovičić, qui est la limite entre la croûte terrestre et le manteau supérieur de la Terre, les chercheurs savent ce qu’il advient des vagues sismiques lorsqu’elles traversent la Moho, sans savoir de quoi elle est faite. Ils seraient également en mesure, de rechercher des signes de vie dans les roches profondes de la croute, en sachant que des preuves d’activité microbienne ont été observées à une température de 120 °C. De plus, les roches du manteau devraient fournir de précieuses indications dans la compréhension de la tectonique des plaques qui provoquent de nombreux tremblements de terre, des tsunamis et des éruptions.

L’équipe prévoit de commencer la recherche d’un site approprié, dans le Pacifique, au printemps, mais ils devront attendre une technologie et un financement suffisant pour leur permettre de commencer à forer, peut-être en 2018.

Extrait de l’annonce sur le site Nature : Journey to the mantle of the Earth.

Les précédentes tentatives :

Le trou le plus profond de l’histoire est celui du forage profond de Kola ou forage SG-3, effectué à partir du 24 mai 1970, jusqu’en 1989 en Russie, dans la péninsule de Kola. Le but de ce forage était de creuser le plus profondément possible, avec un objectif à 15 000 mètres, afin de traverser la croûte terrestre, et ainsi d’accéder au Moho pour mieux comprendre sa composition et les mécanismes internes de la Terre. Il fut stoppé à 12 262 mètres de profondeur, ce qui en fait le forage le plus profond de l’histoire.

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En image d’entête, la première tentative de traverser de la croute terrestre, le projet américain Mohole (1961). Un programme de forage expérimental qui avait pour but d’atteindre le manteau, mais qui du s’arrêter, faute d’investissement suffisant. 50 millions de dollars auront quand même été dépensés.

En plus :

Je profite de cette article géologique, pour placer cette très jolie photographie d’un mineur qui grimpe sur les rochers excavés par une perceuse géante, lors de la percée du tronçon finale  de Sedrun-Faido, sur le site de construction du tunnel de base du Saint-Gothard (23 mars 2011). Permettant la traversée des Alpes, le tunnel le plus long du monde devrait être opérationnel à la fin de l’année 2016. Le projet se compose de deux galeries à voie unique en parallèle, chacune d’une longueur de 57 km.

Clic pour agrandir :RTR2KALD.jpgSedrun-Faido

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